Devoir n°2

Citation :

Oyez!Oyez! Le banquet de mariage du Duc du Givaudan dict Barbe Bleue et de la Vicomtesse de Monbliau accueille gentes Dames et nobles Seigneurs.

ça s'agite dans les cagettes, ça trottine dans les cuisines car le menu est gargantuesque et raffiné. C'est que les codes et la tradition sont respectés.

Tout d'abord, Sa Grasce nous a mandé, à nous les maître-queux et intendant de concocter un menu à la hauteur de l'événement: pensez donc, son quatrième mariage se doit d'être mémorable pour faire oublier les précédents.
Ce que nous avons fait aidés de la cuisinière, patronne des chaudrons et de l'âtre.
Ensuite il nous a fallu penser à engager du personnel car nous n'avons pas quatre paires de bras et de jambes. C'est qu'il en avait invité du monde, et du beau en plus!
Nous avons passé annonce pour engager, à la journée, pannetiers, échansons, des écuyers et des queux, des marmitons à la louche et des fruitiers.

ça s'agite et ça trottine dans les cuisines du Duc du Givaudant, ça aiguise, ça tranche, ça mijote, ça saucissonne, ça organise, ça échafaude, ça se coupe et ça gueule.

Spoiler:

Une semaine de préparation, de plumage, de faisandage, d'épluchages, d'aiguisage de coutellerie et autres joyeusetés tranchantes.

A l'aube du grand jour, les fleuristes avaient disposé des gerbes de fleurs dans les vases en vermeil, ô combien précieux, des jonchées fraîches recouvraient les dalles de la salle de réception, l'odeur du genêt se mêlait à celle des fleurs des champs, du foin et des roses. L'ambiance était rougeoyante car c'est un mariage pas un enterrement!

Tapisseries jouant sur la gamme des rouges, draperies en lin finement travaillées au fil d'or, flambeaux recevant d'énormes bougies à la cire d'abeille et à l'huile de tournesol dans lesquelles des pétales de roses et des simples odorantes avaient été piégés.
La table d'honneur recouverte d'une immense nappe carmin brodée d'or et d'argent, des verres en vemeil et d'autre en verre de Murano aux couleurs chatoyantes, étaient mis entre deux tranchoirs. Des fourchette en argent permettraient de piquer la chair des gibiers et poissons, des tresses végétales serpentaient au milieu des objets culinaires de grande valeur.
De part et d'autre de la table, formant ainsi un beau U, les tréteaux étaient montés et recouverts de nappes carmin brodées de rouge profond.

La veille, nous avions préparé les personnels pour qu'ils ne commettent aucune faute lors du service. Chacun savait ce qu'il devait faire, chacun connaissait les gestes à répéter, les placements à effectuer pour ne gêner en rien la ripaille des nobliaux.

Nous avions failli oublier les ménestrels, les jongleurs, les acrobates et les montreurs d'ours.

Musique!

Pour sûr, ce banquet sera grandiose.

Citation :

A Trifouillis les Oies, en ce dimanche morne de février, la famille Piedvache s'est réunie autour du foyer familial.
Le sol battu résonne du bruit des sabots, la fumée de la cheminée assombrit la pièce éclairée uniquement par la porte dont on peut ouvrir le haut.
La Mère avait préparé une soupe épaisse qui mijotait depuis le matin, elle y avait jeté du panais, des carottes, de la courge, du choux, des pois, des haricots blancs et du blé. Des yeux de graisse agrémentaient le bouillon: on finissait les derniers morceaux de lard du cochon tué à la fin de l'automne.

La grosse miche de pain noir trônait sur la table, les écuelles en bois disposées devant la place de chaque membre de la famille. Des corbeilles en osier présentaient des fruits secs. Un pichet de cidre attendait d'étancher la soif des hommes revenant des champs. La vache donnait encore du lait, aussi les petiots pourraient en boire un peu.

Huuummmm, ça sent bon le choux et les pois. Il y aura des vents pour honorer la bombance dominicale. C'est musical également, un peu rustre mais musical quand même.

La Mère rempli les écuelles et chacun trempe son bout de pain dur pour le ramollir histoire de ne pas perdre les rares dents que l'on a.

Chez ces gens-là, point de fioriture, point de belle vaisselle, point de musique, point de flambeaux, non chez ces gens-là, on entend les lèvres aspirer le bouillon gras, on entend les histoires des labours, des semailles, on sent la sueur du travail de force, on entend les raclements de gorge et les soupirs d'aise quand le ventre est comblé et que la chaleur du feu endort les muscles noués par l'effort physique.

Ce dimanche, les Piedvache ont pu manger à satiété, ce ne sera peut-être pas le cas les prochains jours. Ils sont taiseux, ils ne gaspillent rien et attendent les beaux jours avec impatience.
Derrière la cloison, un mugissement et des caquètements, entre les jambes un chat vient glaner des rogatons.

Tout à l'heure, il y aura le Mathurin qui racontera des histoires à faire se dresser les cheveux sur la tête. La vieille Nine contera des légendes venues du fond des âges. Tout le monde écoutera en filant la laine, en réparant les outils ou en fumant une pipe.