Bien au chaud sous sa couverture, Brunehaut somnolait, l'attente semblant ainsi moins longue. Le voyage l'avait épuisée, elle devait l'admettre, tout simplement.
Une voix la fit sursauter d'autant qu'elle était très proche. Caco était sur le qui-vive, prêt à dégainer, un geste de la Vicomtesse le calma: la voix était plutôt amène et Brune avait tendance à écouter son instinct au grand désespoir de ses suzerains.
Laisse Caco, cet homme ne représente aucun danger, je le sens, j'en suis sûre.
Elle passa la tête par la fenêtre ouverte du carrosse et découvrit un homme d'âge mûr, portant barbe bien taillée, bien mis et poli. Elle lui sourit et répondit:
Mon brave, je vous remercie de nous accueillir si gentiment. Je vous présente Caco Lerat, mon garde du corps et homme de confiance. Il est muet. Je l'ai sorti des geôles poitevines lors de mon mandat de Prévôt. On lui a coupé la langue car il avait menti sur la marchandise qu'il vendait.
Elle fit signe au serviteur de Totoche qu'il pouvait monter sur le marche-pied:
Je vous en prie, faites, ainsi Toto... euh Dame Hersent aura la joie de me voir débarquer au plus vite. Je parie qu'elle s'impatiente.
Le carrosse franchit la grille, roula lentement jusqu'à la cour d'accueil, laissant la jeune Vicomtesse admirer l'agencement du domaine champenois.